Jean-Baptiste de Harenne

Jean-Baptiste de Harenne

S’expatrier, c’est aussi s’équiper d’outils culturels, relationnels et techniques neufs. La formation d’ingénieur y est une bonne préparation, estime Jean-Baptiste de Harenne qui travaille au Burkina-Faso.

L’année 2014 : le fonds d’investissement durable Durabilis, situé à Gand, a de grands projets pour son usine du Burkina Faso. Celle-ci produisait déjà de l’eau pure, de l’eau aromatisée et des jus en sachets. En 2014, l’usine lance également des bouteilles PET pour contenir ces boissons. Les investissements s’annoncent importants. Le fonds d’investissement se met donc en quête d’un gestionnaire de projet qui puisse veiller sur place à la rentabilité de ces investissements. Un ingénieur mécanicien, voilà qui serait tout indiqué. Justement, pas si loin de Gand, il y en a un qui cherche à partir travailler à l’étranger avec son épouse. Jean-Baptiste de Harenne et Durabilis se trouvent et se choisissent. Jean-Baptiste quitte donc n-Side, la consultance spécialisée en optimisation où il avait commencé à travailler dès sa sortie de l’UCL en 2010. Son épouse et lui font leurs paquets et s’en vont pour Ouagadougou en octobre 2013.

Un nouveau monde au travail

À son arrivée, Jean-Baptiste était le seul Européen sur la place. Il s’y trouve parachuté à un poste transversal : celui de gestionnaire de projets. « Ce poste requiert de collaborer avec différents départements. Ainsi, pour lancer un nouveau produit, il faut demander au département commercial d’entrer en action et travailler, également, avec celui de la production ou celui de la qualité.» Or l’habitude sur place est de répondre aux demandes de son chef direct. La culture d’entreprise reste hiérarchique. Chacun veille soigneusement à ne pas dépasser les limites qui lui ont été assignées d’en haut. «Ici, on ne prend pas de risques et on se couvre au maximum, par écrit même.» Dans un tel contexte, ce rôle transversal de gestionnaire de projets s’avère aussi formateur qu’exigeant. Si Jean-Baptiste travaille au Burkina Faso, il rapporte régulièrement au bureau de Gand, où se trouvent les actionnaires du fonds d’investissement. Là, on attend de lui une communication à la belge, plutôt directe. « Chez nous, c’est le meilleur intérêt de l’entreprise et le souci de l’efficacité qui guident les décisions» observe Jean-Baptiste en jonglant entre ces deux cultures d’entreprise. Autre grande différence : en Europe, les ingénieurs sont plus souvent appelés à des métiers dans des secteurs de service. En Afrique, Jean-Baptiste se retrouve les mains dans le cambouis, à la production. Il est également responsable du planning d’approvisionnements internationaux. La tâche est difficile vue les contraintes logistiques et les difficultés de planification. Tout de même, l’expérience l’enthousiasme : « un jour, je rêve de lancer ma petite unité de production en Belgique.»

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Ajouter l’expatriation à son C.V.

Jean-Baptiste est arrivé à Ouagadougou comme gestionnaire de projets en octobre 2013. En juin 2015, il devient également responsable du département de production, où se fabrique donc ce que vend la société. Pas une mince affaire, donc : en 2014 le chiffre d’affaires de la société tournait autour de 7 millions d’euros. L’objectif pour 2015 est plus élevé, 8 millions d’euros. 300 personnes travaillent à la production. «Peu de jeunes ont l’opportunité d’avoir un tel pouvoir de décision ou de superviser de tels volumes. Et c’est en m’expatriant que j’ai pu ajouter une telle expérience à mon C.V.» En contrepartie de ces défis, le rythme est exigeant : l’usine tourne sept jours sur sept, 24 heures sur 24. Jean-Baptiste travaille tous les samedis et « le dimanche, je suis toujours joignable. Les questions du travail tournent encore en sourdine».

Un boulot d’ingénieur?

« À l’unif, j’ai fait le plein de théorie et d’exercices pendant cinq ans.» L’ensemble a toute son utilité une fois dans la vie professionnelle. Mais, à l’épreuve du terrain, une organisation efficace et des décisions rapides s’avèrent tout aussi indispensables : « nous établissons un planning hebdomadaire de production. Mais nous ajustons sans cesse ce planning à court terme, en fonction des modifications de la demande commerciale, de l’évolution des stocks de nos différents produits et des éventuelles pannes de machines, en visant toujours la plus grande efficacité. Ces ajustements impliquent d’allumer ou d’éteindre les machines mais également d’avoir le bon nombre d’opérateurs et les matières premières nécessaires sous la main...» Les soft skills nécessaires à toutes ces opérations ne s’apprennent pas telles quelles à l’université mais «grâce à ma formation d’ingénieur, je suis bien outillé pour acquérir ces nouvelles compétences sur le terrain.» Un autre outil indispensable à Jean-Baptiste : la connaissance des langues. Il n’a jamais aussi bien parlé néerlandais qu’après... deux ans à Ouagadougou, au contact du bureau de Gand ! Si le français et le néerlandais sont indispensables à son travail quotidien, Jean-Baptiste les a d'abord apprises à l'école et à la maison. A l’université, l'accent était moins mis sur l'apprentissage des langues. Bref, un boulot d’ingénieur que le sien... à condition de s’outiller aussi de son côté!

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