Une jeune femme ingénieure prometteuse qui a la pêche !
Mesdemoiselles, osez vous renseigner !
Tel est le message - un cri du cœur ! -, de l’ingénieure Mathilde Delestrée, à l’adresse de toutes les jeunes femmes qui voudraient s’engager dans un cursus d’ingénieur mais qui, trop souvent, hésitent encore. Hélas…
Mathilde est arrivée à l’UCL, en 2004. Elle a été « baptisée » en première année. Parée de sa calotte - couvre-chef caractéristique des étudiants universitaires francophones de confession catholique, en Belgique -, elle fut, durant une année, « comitarde », dans son cercle. Par la suite, elle s’est investie dans la revue des ingénieurs, projet d’envergure associant une centaine d’étudiants, de tous âges et toutes options confondues. Elle a, par la suite, fait partie, pendant deux ans, du kot à projet CCII (Contact Cercle Industriel Industries), qui organise le Bal des Ingénieurs, mais surtout les « Journées de l’Industrie », forum de l’emploi qui s’adresse aux ingénieurs et bioingénieurs de l’UCL.
La « princesse » du labo d’AGC
Le géant du verre, AGC Glass Europe, où elle est engagée (implantation de Jumet), est un groupe industriel international dont le siège administratif est basé à Bruxelles. Il produit et transforme du verre plat pour la construction - vitrages extérieurs et décoration intérieure -, l’automobile, les applications solaires et certaines industries spécialisées, comme celles dédicacées aux transports - train, métro, bateau -, à l’électroménager et aux applications de haute technologie. AGC Glass Europe est la branche européenne du leader mondial en verre plat : le très performant groupe japonais AGC. Asahi Glass Co. Mathilde, qui obtint son titre d’ingénieure en chimie et sciences des matériaux, en 2010, à l’Université Catholique de Louvain, y œuvre énergiquement au sein de son laboratoire de recherche et développement, établi à Charleroi (Jumet).
Très peu de filles, ça vous forge un caractère ?
Les études d’ingénieur nous façonnent tous, d’une manière ou d’une autre. En nous apprenant de la théorie, mais également des manières de penser, de fonctionner, d’aborder des problèmes. Pour ma part, je n’étais pas vraiment spécialement convaincue par les études d’ingénieur, en commençant mon cursus. Je les avais choisies parce qu’elles sont polyvalentes et qu’on peut effectivement affiner son choix d’options, plus tard. 44 amies potentielles…Personnellement, je m’entends généralement bien avec les garçons. Mais dans tous les cas, pour les filles qui auraient peur de ne pas avoir de copines dans l’auditoire, il faut savoir qu’elles se regroupent assez vite entre elles. D’ailleurs, avec mon groupe de copines, nous nous sommes retrouvées au premier quadrimestre de la première année et nous ne nous sommes plus quittées. Et puis, 15% de filles, dans un auditoire de 300 personnes, ça laisse quand même 44 amies potentielles… (rires). C’est quoi une Barbie ? Je suis la cadette d’une famille de quatre enfants. J’ai un grand frère et deux grandes sœurs. Etant enfants, nous avons toujours tous plutôt été portés pour les constructions en Lego et les petites voitures plutôt qu’inspirés par les poupées et les Barbies ( !). 20% de femmes, dans son unitéAu centre de recherche (CRD), je pense nous sommes environ une vingtaine de pourcent de femmes et, grosso modo, ce pourcentage doit être le même pour les cadres. Nous sommes actuellement environ 250, actuellement, au CRD (Centre Recherche et Développement). Je ne construis pas de ponts (!!!)Je pense que le métier d’ingénieur souffre de beaucoup de préjugés. D’abord, les gens confondent souvent « ingénieur civil » et l’option « génie civil ». Quand je disais que je suivais des études d’ingénieur, combien de fois ne m’a-t-on pas répondu : « Ah ! Tu vas construire des ponts ! ». De plus, l’image de l’ingénieur peut parfois aussi être associée à un cliché d’usine ou d’industrie lourde. Or, c’est loin d’être le travail de tous les ingénieurs ( !). Certaines filiales, parfois plus récentes, comme l’option en génie biomédical, sont d’ailleurs moins bien connues. Qu’est-ce qui fait peur aux filles ? Plusieurs choses peuvent « jouer », à mon avis : l’examen d’entrée, les études en elles-mêmes - qui sont réputées difficiles -, les horaires et les conditions de travail du boulot, après les études. Réels obstacles ou préjugés à combattre ?Mesdemoiselles, je n’ai qu’une chose à vous dire : osez-vous renseignez ! Quid du sexisme au boulot, en 2013 ?J’imagine que ça doit arriver. Personnellement, je n’en ai jamais perçu à mon égard, ni à l’égard d’autres collègues. Je suppose que si cela était avéré, les hommes feraient sans doute attention à ce qu’ils disent devant moi ( !). Cela peut d’ailleurs être vrai sans que cela ne soit du sexisme. En effet, certains hommes surveillent leur langage parce que je suis une fille. Par ailleurs, je pense que, dans certaines fonctions, être une femme doit être nettement moins facile à gérer, encore aujourd’hui malheureusement. Je pense, par exemple, à des postes plus élevés, ou à des fonctions dans des usines, qui sont bien plus « masculins » que « mon » centre de recherche. Pour rendre ses études plus agréables…Pour moi, s’investir dans des projets – quels qu’ils soient ! - au cours de ses études est bénéfique pour l’apprentissage. En effet, on apprend à se débrouiller, à mener de front les études et les « à-côtés », à gérer son temps, des conflits, et bien d’autres choses encore, selon le type d’investissement. C’est essentiel. |