Charlotte Nys a participé au sauvetage de l’Atomium
A l’origine, l’Atomium ne devait rester en place que le temps de l’Exposition Universelle, soit six mois…
L’Atomium est toujours là, flambant neuf… Pour mémoire, c’est à Bruxelles, en 1958, que se tint la première Exposition Universelle qui suivit la Seconde Guerre Mondiale. Il s’agissait d’une volonté délibérée de tourner le dos aux techniques de construction traditionnelles. Défi relevé ! Le pavillon de la Belgique, conçu par l’ingénieur André Waterkeyn, en est un parfait exemple.
L’idée audacieuse de Waterkeyn – construire une sculpture géante, accessible au public et représentant un atome de fer grossi 165 milliards de fois ( !) – constituait un hommage à la fois à l’utilisation pacifique de l’énergie atomique et à la sidérurgie belge florissante.
Voici huit ans, déjà, l’Atomium a subi une rénovation de fond en comble, admirablement menée par le bureau d’architecture ORIGIN, à Bruxelles, dont l’architecte Charlotte Nys est administrateur.
Le symbole de Bruxelles
Les neufs sphères, toutes habillées d’aluminium, sont réunies entre elles et semblent flotter, légères, au-dessus du parc d’exposition. La sphère centrale, de 18 mètres de diamètre, est entourée de sept autres sphères de même dimension, tandis que la sphère de base, autour de laquelle s’organise l’entrée, plus grande, présente un diamètre de 26 m.
Les tubes d’une longueur de 22 mètres à 29 mètres, et d’un diamètre de 3 mètres à 3,30 mètres, représentent les forces de liaison entre les atomes. Ils abritent les escaliers, les escalators et l’ascenseur qui amène les visiteurs verticalement jusqu’au dernier niveau.
Le symbole de Bruxelles
A l’origine, la structure, d’un poids de 2.500 tonnes, ne devait reposer sur sa fondation que par le tube central.
Pour des questions de stabilité, toutefois, il fallut ajouter des appuis supplémentaires et supporter trois autres sphères au moyen de bipodes assemblés en treillis.
Grâce à l’ « EN 1.4404 »
Subissant les outrages du temps, la peau d’aluminium de l’Atomium a inexorablement perdu son éclat. En outre, les pièces en acier ont commencé à rouiller et les joints n’assuraient plus une étanchéité parfaite. La dégradation s’était installée progressivement, due à l’utilisation de produits d’entretien inadaptés, à l’absence de protection anti-corrosion et aux actions néfastes de l’environnement – pollution de l’air, déjections de pigeons et intempéries. C’est en 2001 qu’il fut décidé de rénover l’ouvrage. Les calculs et les visites sur place mirent en évidence la nécessité de remplacer les panneaux d’aluminium, les vitrages en plexiglas ainsi que certains éléments de structure.
Les excellentes propriétés de l’acier inoxydable EN 1.4404 le firent choisir en remplacement de l’aluminium original. L’acier austénitique au molybdène, c’est son appellation spécifique, se distingue, en effet, par sa résistance élevée à la corrosion et par une bonne aptitude à l’emboutissage. Dans le cas présent, cet acier inoxydable de finition d’usine a subi un électropolissage. Ainsi, désormais, les salissures adhèrent difficilement à la surface aussi lisse et brillante qu’un miroir, qui s’auto-nettoie sous la pluie.
Un tout nouveau revêtement
La rénovation de l’Atomium constitue, à plus d’un titre, un vrai challenge. En effet, la conception et la réalisation de la nouvelle enveloppe des sphères étaient néanmoins particulièrement complexes. Il s’agissait de conserver, à la fois, l’aspect extérieur initial, notamment le calepinage ainsi que la distance entre la peau et l’ossature, tout en tenant compte des contraintes de montage et des exigences actuelles en matière d’isolation thermique, d’isolation acoustique et de protection incendie.
La nouvelle surface est constituée de panneaux sandwiches courbes de 10 cm d’épaisseur, avec une tôle en acier inoxydable d’1,2 mm d’épaisseur, côté extérieur, une tôle en acier galvanisé d’1 mm d’épaisseur, côté intérieur et, entre les deux, une âme isolante en laine de roche. Seules les trois sphères qui ne sont pas accessibles, pour des questions de stabilité, ne comportent pas d’isolant thermique. Des profilés aluminium à rupture de pont thermique relient la tôle en acier inoxydable et la tôle en acier galvanisé des panneaux sandwiches. Afin d’empêcher tout risque de corrosion galvanique entre les trois métaux différents utilisés, ceux-ci sont séparés par des profilés élastomères.
48 panneaux par sphère
Pour chacune des sphères, 48 grands panneaux triangulaires ont été préfabriqués.
Le calepinage initial a, toutefois, été conservé optiquement grâce à la réalisation de faux joints. Enfin, les panneaux sandwichs triangulaires sont séparés par des bandes qui constituent les « méridiens » et qui ont été équipées en atelier de LEDs extérieures.
Pendant que les nouveaux panneaux étaient préfabriqués en atelier, les anciens panneaux d’aluminium étaient démontés et la structure de l’Atomium sablée et repeinte. Pas moins de 50.000 m² ont ainsi été traités. Certaines pièces ont dû être renforcées ou remplacées, notamment, les manchons entre les tubes et les sphères.
L’installation des nouveaux panneaux, d’une surface de 16 m² environ et pesant 480 kg chacun, a pu commencer dès janvier 2005. Afin d’éviter des échafaudages importants et coûteux, les panneaux des hémisphères supérieurs ont été positionnés à l’aide de grues et ceux des hémisphères inférieurs au moyen de palans. Des équipes de monteurs travaillant sur cordes fixaient ensuite les panneaux sur la structure.
3.000 m² à explorer
Quant à l’aménagement intérieur de l’Atomium, il a été réalisé lui aussi en conservant largement le style des années 50. La structure, peinte dans un gris discret, demeure apparente. Des escalators étroits et des escaliers aux marches rouges et aux garde-corps de couleur turquoise claire relient les sphères entre elles ainsi que les différents niveaux à l’intérieur de chaque sphère. Au total, on dispose d’environ 3.000 m2 de surface pour des expositions, conférences, projections de films et autres manifestations. Le restaurant installé dans la sphère située au sommet offre, avec ses fenêtres panoramiques, une vue extraordinaire sur la ville.
Grâce à la prise en compte des mesures de protection incendie, à l’installation d’équipements sanitaires et de climatisation modernes et à la rénovation de l’installation électrique, l’Atomium satisfait, désormais, aux normes et aux prescriptions de sécurité en vigueur. Le concept d’éclairage, entièrement repensé, différencie les espaces intérieurs selon leur affectation. La nuit, l’Atomium est éclairé à l’extérieur par des projecteurs et des petites lumières s’allument le long des méridiens, comme lors de l’Exposition de 1958.
Ingénierie et patrimoine
Après une année passée à la VUB comme assistante, Charlotte Nys entre, en 1988, au bureau d'études B-Group, en tant qu'ingénieur de structure. Elle participe activement à plusieurs projets, dans un premier temps, avant de piloter les études de structure de nombreux immeubles très connus de la capitale fédérale.
A partir de 1996, elle prend en charge le développement d'une cellule intégrant ingénierie et aspects techniques de l'architecture. De 1991 à 1995, elle a supervisé la rénovation de la tour PS (P&V) au Boulevard du Botanique, à Bruxelles. Ce bâtiment est le premier immeuble tour de Bruxelles (1957 - architecte Van Kuyck). Sa façade est en aluminium, matériau qu’elle retrouvera à l'Atomium.
De 1990 à 1998, Mme Nys participe aux études préfigurant la restauration de la tour de l'Hôtel de Ville de Bruxelles…. « Ces projets m'ont progressivement amenée à la restauration de l'Atomium à laquelle j'ai apporté mes compétences pour l'élaboration et le suivi du cahier des charges de performance dans le respect patrimonial de l'édifice », explique-t-elle. « ORIGIN et moi-même sommes fiers d'avoir contribué à la restauration de cet ouvrage remarquable ». Et il y a de quoi être fier ( !).
Aujourd'hui, Charlotte Nys dirige le bureau ORIGIN qui se préoccupe ou participe à la restauration d'ouvrages majeurs du patrimoine architectural et culturel de Bruxelles comme l'église du Sablon, la collégiale Saint Guidon, la Maison Communale de Forest ou bien encore la Cité Moderne de Berchem.
« On recherche ingénieurs passionnés ! »
« Ce travail passionnant se situe aux carrefours de multiples disciplines : la gestion de projets, les techniques de construction - d’hier et d’aujourd’hui -, l’architecture, le patrimoine et donc notre histoire et notre culture. La restauration du patrimoine est en plein développement et nous recherchons, en permanence, des ingénieurs Architectes et des ingénieurs passionnés par ce domaine. Les études d’ingénieur - architecte et d’ingénieur peuvent donc mener à bien des horizons. Si vous aimez créer, si vous aimez la technique, si vous aimez l’architecture, si vous voulez un jour gérer des projets, ces études vous permettront de réaliser vos objectifs ».
A propos d’ORIGINORIGIN Architecture & Engineering. Responsable du projet de la rénovation de l’enveloppe extérieure de l’Atomium, ORIGIN se consacre aux études et suivis de travaux de restauration d’ouvrages et de bâtiments du patrimoine culturel. |