Marylin Bastin : Les pieds sur terre, les yeux rivés vers le ciel

Marylin

La sécurité du trafic aérien: sa passionnante préoccupation

Nombre d’entre vous aimeraient se trouver à notre place, à quelques dizaines de mètres, seulement, du ballet incessant des petits et grands avions qui s’arrachent du tarmac bruxellois ou terminent leur phase d’atterrissage. Notre visite débute par l’observation des aiguilleurs du ciel, réunis dans une même salle silencieuse et volontairement peu illuminée, face à leurs écrans PC de contrôle, munis de leurs oreillettes…

Pour peu, on se croirait à Cap Canaveral, avant le lancement d’une fusée..

Nous nous trouvons, effectivement, au bout des pistes de l’aéroport de Bruxelles-National, au siège de Belgocontrol, une entreprise publique autonome dont la mission est d'assurer la sécurité du trafic aérien dans l'espace aérien dont la Belgique est responsable.


Cette mission, Belgocontrol la remplit en optimisant les coûts et la ponctualité, en augmentant la capacité et en assurant à la circulation aérienne un développement durable. Belgocontrol fournit les services essentiels à une gestion et un contrôle du trafic aérien en toute sécurité.
Ca y est ! Nous avons franchi les postes de sécurité et nous voici au cœur des installations de Belgocontrol. Et la ravissante ingénieure avec qui nous avons rendez-vous – et qui est, en quelque sorte, le porte-drapeau du know how féminin chez Belgocontrol -, va tout nous dire ; enfin presque…

Une grande distinction amplement méritée

C’est en 2001 que Mme Marylin Bastin obtint, avec grande distinction, son Master en Sciences de l’ingénieur industriel – Ingénieur Industriel –, à l’ HELMo Gramme (Liège). Sa triple spécialisation réside dans le renforcement en électronique, automatique et informatique. En outre, Marylin a suivi plusieurs formations pointues complémentaires.
Autonome et impartiale, orientée vers les solutions et les résultats, elle s’appuie sur sa propre expérience de plus de 10 ans. L’élaboration de cahier des charges (définition des besoins, rédaction des spécifications techniques), l’évaluation d’offres techniques, la connaissance du système engineering, la validation et l’intégration de procédures techniques font parties, notamment, de ses fonctions quotidiennes. En outre, elle assure l’interface technique et contractuelle avec les fournisseurs, elle analyse et prend en compte les risques, elle gère les contrats techniques et de maintenance et assure, enfin, la maintenance préventive et corrective.

Belgocontrol

Toutes ces responsabilités contribuent au plein épanouissement professionnel de notre interlocutrice, dans les domaines techniques et même juridique, sachant qu’elle doit avoir, en outre, une connaissance passive du néerlandais, puisque tout un chacun, au sein de l’entreprise, s’exprime dans sa propre langue. Par contre, les réunions qui associent les fournisseurs se déroulent en anglais. Avant d’être engagée par Belgocontrol, Marylin travaillait pour le compte d’une entreprise liégeoise dont elle avait l’impression d’avoir « fait le tour ». Elle avait l’ambition de relever d’autres défis. Dès lors, elle a fait part de sa candidature spontanée au Directeur général des Equipements de Belgocontrol qui l’a interviewée, plus tard, en présence de plusieurs chefs de services.

 

MarylinSon rêve d’enfant réalisé

« Depuis toute petite, je rêvais d’être ingénieure, mais plutôt dans le secteur aérospatial », se rappelle Marylin. « Quand je suis rentrée à Gramme, je voulais travailler dans le nucléaire et franchir une passerelle de l’université vers l’aérospatial. Finalement, forte de ma polyvalence et heureuse de voir surgir les opportunités d’emploi, je me trouve dans l’aéronautique qui correspond à mes premières aspirations.

 

Expertise et exigences

« Il faut avoir une certaine expertise et aussi du caractère, pour travailler à mon poste », souligne Marylin. « En réunion, je suis la personne qui prend souvent la parole. Parmi les collègues, il règne une très bonne ambiance. Par contre, nous sommes intransigeants en regard des fournisseurs pour obtenir ce qu’on veut aux meilleures conditions. Car, il s’agit souvent de gros budgets et de projets importants. Dès lors, au quotidien, nous devons obtenir ce que nous avons demandé, sans nous faire abuser.

 

« J’aimais les Lego et je fais du karting ! »

« Depuis petite, j’aime le technique, en particulier les maths et les sciences. Enfant, je construisais déjà mes petits moteurs en briques Lego et je jouais avec mes vaisseaux de l’espace. Adepte de jeux vidéo et de sport mécanique, je fais du karting et je ne me débrouille d’ailleurs pas trop mal. Depuis toujours, je suis sur la voie de l’ingénieur. Il n’y avait pas de papa à la maison. Cette vocation est venue de moi-même. De personne d’autre ».

 

Pour bien se structurer l’esprit

« Lors de notre formation d’ingénieur, on apprend à réfléchir. On apprend à être dirigé vers le fait, la nécessité de trouver une solution. C’est ça que j’aime. Je ne voulais pas un métier répétitif mais une profession qui me permette de progresser tout au long de ma carrière. Je continue d’ailleurs à progresser. Travailler comme ingénieur, c’est tout sauf de la routine, c’est pouvoir prendre des décisions, c’est chercher des résultats et trouver des solutions. Ce sont des challenges concrets à relever, au quotidien, pour offrir les meilleures solutions techniques à mes collègues contrôleurs aériens. Mais, on apprend ! C’est peut-être difficile mais cette formation a très bien structuré mon esprit ».

Sa définition de l’ingénieur

« C’est quelqu’un qui arrive à comprendre un besoin, à le décrire sous forme de spécifications et à trouver, ensuite, une solution pour pouvoir satisfaire les besoins initiaux ».

 

Marylin

Engagée avant d’avoir son diplôme ( !)

J’étais toujours aux études, en dernière année, au sein de l’Institut Gramme, lorsque plusieurs sociétés m’ont proposé un poste, eu égard à mes bons résultats, avant même de recevoir mon diplôme. Certes, le marché de l’emploi manque d’ingénieurs mais il est tout de même assez difficile de décrocher un emploi aussi rapidement, actuellement, si je m’en réfère aux propos échangés avec de nouveaux diplômés de mon école. Je garde, en effet, beaucoup de contacts avec d’anciens professeurs et amis ingénieurs qui travaillent dans d’autres entreprises.

« Une ingénieure sur le toit de la tour ! »

Mais, que faisait donc notre sémillante ingénieure, ce jour-là, sur le toit de la tour de contrôle de Belgocontrol, à plusieurs dizaines de mètres du sol ? « Il s'agissait de faire la réception de trois nouveaux SMRs (Surface Movement Radar) sur le site de l'aéroport, avec les fournisseurs, pour vérifier la conformité du matériel », nous dit-elle. « Ces trois nouveaux radars, bien que destinés à détecter les mouvements au sol, sont installés à plus de 18 mètres de hauteur pour le radar sud, 35 mètres pour le radar nord et 65 mètres pour le radar planté au sommet de la tour de contrôle. Pour chacun des radars, il a fallu monter sur les différentes "tours" pour entrer dans les radomes ; il s’agit de boucliers de presque six mètres d’envergure qui protègent les antennes des radars. A cette hauteur, on peut dire qu'on ne les trouve pas si "au sol" que cela, ces radars ! »

 

Marylin« Je ne suis pas Marylin Monroe ! »

« Quand on m’a vue arriver dans l’auditoire, au début de mes études, j’ai suscité des regards machos. En plus, je suis blonde… On m’a dit que je n’allais pas y arriver… Un jour, un professeur m’a fait remarquer à un examen qu’il aurait préféré que je porte une jupe plutôt qu’un tailleur pantalon. J’ai vécu tous les stéréotypes. Ce qui les a fait taire ? La publication des résultats de la première session. Dès lors, je n’ai plus eu le moindre problème. Nous n’étions, alors, qu’une dizaine de jeunes femmes sur deux cents élèves… Au travail, en tant que femme, j’ai la sensation de devoir être, peut-être, plus percutante et directive que mes homonymes masculins pour faire passer mes idées. Mais, globalement, je pense plutôt que c’est dans mon caractère. Au final, homme ou femme, lorsqu’il s’agit d’affronter des tâches ardues dans des plannings plus que serrés, nous formons une belle équipe !». Prépondérance masculine ? « Je ne connais pas de femme ingénieure célèbre, en Belgique. Pas spécialement, c’est vrai… Les études d’ingénieur ont encore une image très masculine. Cela se reflète évidemment dans les entreprises. Si Belgocontrol n’échappe pas à la règle, je suis quand même loin d’être la seule représentante de cette profession dans l’entreprise. La cellule Safety par exemple, qui s’occupe de la gestion de la sécurité aérienne, compte 4 ingénieurs dont 3 sont des femmes. Concernant la vocation, il est dommage que les jeunes filles aient une fausse image de ce qu’est le métier d’ingénieur. Je n’ai pas les mains dans la boue. Je suis épanouie et je ne porte pas de casque… Toute femme est parfaitement capable de développer sa faculté d’expertise dans ce domaine ».

 

« Ingénieur civil ou industriel ? Il n’y a plus de différence ! »

« Il n’y a plus de différence entre l’ingénieur civil et l’ingénieur industriel. Moi-même, en vertu de mes résultats, j’ai été engagée au barème de l’ingénieur civil. J’ai perçu, dès le départ, exactement le même montant que mon collègue ingénieur civil. Les choses ont beaucoup changé. D’ailleurs, notre directeur général des équipements est ingénieur industriel. Ce qui permet de bien remettre les choses à plat. En outre, dans mon service, ingénieurs industriels et civils accomplissent exactement le même travail. Dans ma vie de tous les jours, je ne ressens pas du tout cette différence ».

 

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