Joris Mattheijssens conçoit un bateau « anti-mines », sans pilote
Dans le cadre de la thèse de doctorat qu’il réalise au sein de l’Ecole Royale Militaire, ce jeune ingénieur développe une nouvelle manière de propulser les navires non-pilotés. Une fois les études terminées et le prototype validé, ces drones (*) marins seront d’ailleurs mis en œuvre par la composante marine belge dans le cadre de la chasse aux mines.
« Etudie le monde d’aujourd’hui, invente celui de demain ! », tel est le message de Joris à l’adresse de nos internautes.
(*) Un drone est un engin commandé à distance, qui emporte une charge utile, destinée à des missions de surveillance, de renseignement, de combat ou de transport. Il est, en général, utilisé au profit des forces armées ou de sécurité (police, douane, etc.) d'un État, mais peut avoir aussi des applications civiles, voire de loisir. La charge utile du drone de combat ou UCAV (Unmanned Combat Aerial Vehicle) est une arme.
« Heureux d’avoir fait le bon choix ! »
«Enfant, déjà, j’étais très intéressé par les sciences et la technologie », confie, d’entrée, Joris, Ingénieur civil électricien et mécanicien (orientation navigation aérienne et spatiale, diplômé de la KUL, en 2007).
« Je jouais beaucoup, à l’époque, avec les boites de Lego et j’ai très souvent bricolé avec du carton et d’autres matériaux de récupération. Je me souviens d’un ventilateur construit à l’aide du moteur d’une voiture à piles, d’une hélice en carton et de quelques briques Lego.
J’étais également passionné par l’astronomie : rien à voir. Plus tard, à l’époque de mes humanités, je me suis aperçu du fait que je voulais étudier les sciences.
Notre professeur de maths nous donnait des cours de préparation pour l’examen d’entrée, durant le temps de midi ; je les suivais plutôt par plaisir car je ne pensais pas, alors, entrer un jour à l’université ».
Trouver les solutions
« Un ingénieur peut exercer plusieurs fonctions : direction d’entreprise, activité commerciale ou plus technique. Dans le cas d’un chercheur scientifique, le métier consiste plutôt à trouver de nouvelles solutions, en utilisant une méthodologie scientifique, plutôt que de chercher au hasard.
Aimer les maths, malgré tout…
« Pour moi, comme pour beaucoup d’autres étudiants, le cours de maths, à l’université, était très dur mais absolument nécessaire. Aussi, le conseil que j’adresse aux jeunes qui me lisent est qu’il faut tout de même essayer de trouver une forme de plaisir et de beauté dans ces mathématiques, comme dans tout ce que l’on fait d’ailleurs, en général. Si un cours pose particulièrement problème, je recommande de dialoguer avec les répétiteurs et les autres étudiants, car ceux-ci ne sont pas en compétition entre eux et sont animés par ce désir de s’entraider ».
Comment susciter des vocations ?
« Il faut organiser des événements relevants pour les enfants et les jeunes de tous les âges. Un bon exemple, parmi d’autres, est le concours « Robocup Junior », organisé par la VUB, où des classes entières du cycle primaire programment de petits robots. C’est très amusant et instructif. Les professeurs d’humanités pourraient, quant à eux, proposer davantage de travaux de fin d’études liés aux nouvelles technologies ».
Par ailleurs, au cours des humanités, on organise plus souvent, hélas, des voyages linguistiques que des visites d’entreprises de haute technologie. Ce ne sont pourtant pas les découvertes spectaculaires qui manquent, en ce domaine… »
Des premiers calculs au prototype
« Je développe une nouvelle manière de propulser les navires non-pilotés. Une fois les études terminées et le prototype validé, ces drones marins seront d’ailleurs mis en œuvre par la composante marine belge dans le cadre de la chasse aux mines. Mon travail quotidien consiste à faire de nombreux calculs et des essais. Pour y parvenir, je suis équipé d’un grand cluster d’ordinateurs. Pour démarrer les calculs, j’ai besoin de beaucoup de préparation des données et d’un peu de programmation. Après cela, j’effectue la visualisation et l’interprétation des résultats. Au départ de ces chiffres, je dessine les mécanismes pressentis pour réaliser les essais. Les techniciens de notre atelier qui sont à mes côtés critiquent les schémas, avant la phase concrète. Après quoi, je réalise l’assemblage des pièces moi-même et j’effectue les expérimentations. Enfin, je dois rédiger mes observations et conclusions, sous la forme de rapports internes et d’articles scientifiques ».
La quête de l’inédit
« C’est surtout l’aspect créatif que j’aime tant dans mon boulot. On me laisse relativement libre de choisir l’orientation de mes travaux. J’évolue dans un domaine de recherche très dynamique, à l’échelon mondial – ce qui est très motivant -, et j’ai débuté mes recherches par une vaste étude bibliographique. L’élément crucial qui prévaut à toute bonne recherche est de tenter d’aboutir à quelque chose qui n’a pas encore été développé précédemment. Chaque jour, j’enrichis mes connaissances. J’ai rencontré d’autres chercheurs à travers le monde et j’ai visité quelques autres institutions de recherche réputées ».
La primauté des contacts
« Je suis la seule personne occupée dans le domaine de l’hydrodynamique, ici, au sein de l’Ecole Royale Militaire. Aussi, est-il est parfois difficile de bénéficier d’un bon encadrement de mes recherches, du fait de cet isolement. Heureusement, je connais plusieurs collègues spécialisés en aérodynamique, une discipline très similaire. Ils sont toujours prêts à m’aider. J’entretiens également des contacts très utiles avec des spécialistes internationaux. Souvent, les scientifiques - et même les meilleurs du monde ! –se réjouissent du fait qu’un autre chercheur oeuvre dans le même domaine. Voilà pourquoi ils répondent très vite aux questions que je leur pose. En revanche, ce que je n’aime pas trop, c’est le travail administratif et les longues procédures. Mais, cela est incontournable. A cet égard, je remercie mes deux secrétaires pour leur aide précieuse ».