Jean-Jacques Cloquet : Il fait voler très haut l'aéroport de Charleroi

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Aujourd'hui aux commandes du second aéroport belge, en importance, l'ingénieur Jean-Jacques Cloquet fut d'abord joueur de football semi-professionnel. Son parcours est jalonné de défis relevés. Embarquement immédiat!

Fan de foot et de tarmac, il fait décoller un maximum de jets!

Jean-Jacques Cloquet, Administrateur-délégué de Brussels South Charleroi Airport (BSCA) a terminé ses études d'ingénieur en électricité à la Faculté polytechnique de Mons, option « Courant fort », en 1983. Dès la fin de son service militaire, il a entamé sa carrière au sein de l'entreprise chimique Solvay, en qualité d'ingénieur de production. Il y a occupé, par la suite, des postes à haute responsabilité: directeur de l'unité opérationnelle Benelux et directeur européen pour la promotion du PVC, notamment.

 

D'abord, joueur de foot!

Le premier job de cet ingénieur qui se réjouit du succès croissant de « son » entreprise – et nous partageons évidemment son enthousiasme! - était joueur de football semi-professionnel alors que, parallèlement, il accomplissait ses études d'ingénieur. Plusieurs années plus tard, il reviendra au bord de la pelouse du Royal Sporting Club de Charleroi, comme manager général indépendant.

 

En 2001, M. Cloquet a travaillé pour son propre compte, en qualité de consultant, au service de plusieurs entreprises. Son parcours est vraiment peu banal, diversifié et dense, un itinéraire qui a forgé le caractère qu'on lui connaît aujourd'hui. C’est, en outre, un fervent défenseur de la justice, au sens noble du terme.


Ca ne sert à rien de porter une montre ici.
Ca n'arrête jamais!

Jean-Jacques Cloquet a été nommé administrateur délégué de BSCA par le conseil d'administration de la société gestionnaire de l'aéroport, en décembre 2010, sur proposition du gouvernement wallon. Il y exerçait la fonction de directeur général faisant fonction, depuis juillet 2009, après avoir été directeur des ressources humaines de l'aéroport... « En tant que consultant, j'ai été appelé par les dirigeants de BSCA, peu avant l'ouverture du nouveau terminal, qui m'ont chargé de développer des revenus « non aviation », explique M. Cloquet.

Il s'agissait de réfléchir au développement des recettes générées par ce que le passager dépense mais pas dans l'avion: le parking (50% de la recette pour un aéroport), l'horeca (restauration et boissons), le « retail », les services aux passagers et le développement autour de l'aéroport. Comme cela se passait très bien, on m'a proposé, en février 2008, un contrat d'employé avec le titre de responsable commercial non aviation. Un an après, il m'a été confié la gestion des ressources humaines.

 

« J'étais dans la pétrochimie, aujourd'hui dans les avions! »SN

«  Cet aéroport fait partie des fleurons économiques de Wallonie. Je suis heureux de pouvoir participer à son essor. Pourtant, au départ, j'ai émis des réserves car je n'avais pas l'expérience et la connaissance du milieu aérien – la première fois que j'ai pris l'avion, j'avais 17 ans... Certes, on peut être opportuniste mais il y a des limites... Un an après, je connaissais tous les patrons des compagnies aériennes opérant ici, avec lesquels je m'entends d'ailleurs très bien. Je peux animer l'équipe de direction, tout en sachant que les compétences sont réparties entre quatre personnes. En sachant qu'un ingénieur n'a pas forcément la vocation d'un manager. Mais, j'ai toujours eu en moi cet esprit d'ouverture et un certain sens commercial ».
BSCA, qui offre aujourd'hui près de 100 destinations, occupe actuellement un peu plus de 500 personnes. Quant au site, globalement, il procure de l'emploi à quelque 3.000 personnes, pour six millions de passagers, en 2011. La filiale sûreté de l'aéroport comptant à elle seule 400 collaborateurs.

 

« Le travail amène le succès! »

« Certes, les études d'ingénieur ne sont pas faciles. Cela étant, le travail amène le succès. Je me suis bien amusé pendant mes études. Même si, parfois, après quelques surprises, il faut travailler pendant les vacances. C'est un boulot tellement passionnant qu'aujourd'hui un ingénieur a accès à une variété énorme de possibilités. Dans le domaine de l'aéronautique, de nombreux ingénieurs travaillent à l'entretien des avions, d'autres sont en charge de la gestion informatique, d'autres encore oeuvrent au sein de bureaux d'études qui conçoivent les nouveaux terminaux, dans le cadre d'extensions aéroportuaires. La gestion des flux, des parkings, des optimisations des travaux nécessite également la collaboration active de l'ingénieur ».

 

« Face à un problème, l'ingénieur agit et solutionne »

« Grâce aux études qu'il a effectuées, l'ingénieur est capable de trouver des solutions lorsqu'il est confronté à des problèmes. Il est capable, en outre, de travailler en équipe. Pour moi, il est clair qu'il s'agit d'une profession extraordinaire. Il s'agit de bien analyser le problème, de bien l'appréhender, de prendre connaissance des données disponibles avant de trouver la solution, seul ou avec l'aide de collaborateurs. Pour moi, l'ingénieur exerce l'un des plus beaux métiers du monde et il en manque beaucoup à notre époque. L'ingénieur apprend chaque jour de nouvelles notions dans l'exercice de son métier. Et tout ce bagage peut évidemment resservir à tout moment de sa carrière  ».

 

« Les jeunes doivent oser! »

« Pour moi, la pénurie d’ingénieurs est due à l'enseignement secondaire. Je pense qu'à l'heure actuelle, on offre trop la possibilité, quand un élève est face à un obstacle, de le contourner, en réduisant le nombre d'heures dans certains cours, notamment. Or, il faut d'abord travailler, semer, avant de récolter. Le problème, c'est ce fossé qui s'est progressivement creusé entre l'université et les humanités, en beaucoup d'écoles. Il faut travailler. Il faut oser. D'autre part, les universités ne doivent pas terroriser les jeunes mais plutôt essayer de les mettre à l'aise. Dans les dernières années d’études, il leur incombe de les préparer à la vie économique et sociale qui ne se trouve absolument pas dans un syllabus ».

 

Cette anecdote pour conclure ce profil: 50% des passagers de BSCA n'ont jamais pris l'avion (!).

 

 

Pascal-P. Delizée